Archives mensuelles : mai 2019

Le coaching, cet inconnu…

J’ai eu le plaisir de faire à deux reprises une conférence sur le coaching dans des lieux associatifs.

Je l’avais intitulée : « Le coaching, effet de mode ou réponse à de vrais besoins ? ».

Dans les deux cas, les échanges ont été très riches… et le constat a été le même : le coaching est très mal compris ou connu. L’un des lieux où je suis intervenu est un centre de vacances qui propose beaucoup d’ateliers autour du développement personnel : l’Espace des Possibles. Le public était dans ce cadre un peu « averti ». Et pourtant…

Dans l’esprit de la quasi-totalité des participants, le coach est un guide, celui qui va indiquer au coaché la conduite à tenir. C’est donc un conseiller, et même au-delà pour certains : il prend son coaché par la main pour le faire avancer.

C’est exactement ce que ne fait pas un coach professionnel.

Son postulat est que c’est son client, et lui seul, qui connait les réponses à ses questions et qui a en lui les ressources pour avancer. Le rôle du coach est de l’amener à des prises de conscience et à un passage à l’action par le questionnement, pas par le conseil et a fortiori pas par l’injonction.

La confusion vient sans doute de la première alternative à la question que je posais en titre de ma conférence : l’effet de mode. Le terme « coach » est utilisé à toutes les sauces, dans tous les domaines, et par toutes sortes de personnes.

Et c’est à coup sûr un des obstacles à son développement !

Gabriel Hannes, président de l’EMCC France (European Mentoring and Coaching Council, fédération européenne de coaching) a sans aucun doute raison quand il dit dans ses conférences que les besoins sont illimités, mais que les demandes sont aujourd’hui limitées.

Besoins illimités parce que notre monde est en pleine mutation, avec des changements toujours plus rapides et des individus et des organisations en perte de repères :

  • Dans la sphère professionnelle où le modèle des organisations pyramidales montre ses limites et amène à des remises en question parfois radicales de l’organisation et du management.
  • Dans la sphère privée, où de plus en plus d’individus, confrontés aux crises sociétale, environnementale, économique, bref à une crise globale du système de développement de la société industrielle, s’interrogent sur le sens de leur vie et sur la conduite à tenir.

Mais demandes limitées pour trois raisons, comme nous l’évoquions avec deux collègues récemment :

  • Ce malentendu sur ce qu’est le coaching
  • Un coût jugé très élevé, en relation avec un résultat qui n’est pas mesurable a priori
  • L’idée plus ou moins exprimée qu’on se fait accompagner quand on est « malade » -ce qui est difficile à reconnaître (vis-à-vis de soi et vis-à-vis des autres).

En réponse au premier point, il faut expliquer, communiquer sans relâche. C’était l’objet de ces conférences, et je serais heureux de renouveler l’expérience si l’occasion m’en est donnée.

Pour répondre au deuxième point, le coaching doit faire ses preuves pour que le coût, qui n’a pas de raison de baisser pour un coach professionnel, soit dans l’esprit des clients potentiels en relation avec un résultat positif à la hauteur de leur investissement. Il est important sur ce point de communiquer aussi sur ces résultats attendus en termes d’être, à comparer aux résultats d’un achat parfois plus coûteux qui ne va agir que sur l’avoir et le paraître.

Quant-au troisième point, une évolution est déjà clairement visible. Les enquêtes menées sur les Créatifs Culturels, depuis que Paul Ray a identifié ce nouveau groupe socio-culturel dans les années 90, montrent leur nombre croissant. 25% en 2000 aux Etats-Unis, et 34% en 2008, dont la moitié soucieuse de développement personnel ; 17% en 2005 en France, en ne prenant en compte que ceux qui sont investis dans le développement personnel.

 

Notre société est en crise, elle conduit des individus de plus en plus nombreux à se questionner, à privilégier l’être plutôt que l’avoir et le paraître.

Et le coaching a un rôle important à jouer pour accompagner cette mutation s’il est reconnu pour ce qu’il est vraiment : un accompagnement qui vise à l’autonomie et au développement de la personne.